Les
autorités d'antan ont cru bien faire en construisant dans les années
1960, les barrages n° 1, 2 et 3 de la ville de Ouagadougou. L'objectif
était d'approvisionner les populations en eau potable. Avec une capacité
cumulée de plus de 14 millions m3, ces ouvrages jouent un rôle non
négligeable dans l'approvisionnement de la ville en eau potable.
Aujourd'hui,
le constat est amer. Tous les trois présentent un visage piteux et
inquiétant. La pression anthropique croissante sur ces barrages a
provoqué ce que nous voyons aujourd'hui en plein cœur de la capitale
burkinabè. La question de la gestion durable de ces infrastructures
d'approvisionnement en eau potable se pose avec acuité.
On le sait,
ces barrages, tout comme la forêt de Bangr-Weoogo, constituent les
poumons écologiques pour la ville. Des techniciens en la matière
soutiennent qu'ils jouent un rôle de recharge de la nappe phréatique et
servent de zones de tampon de préservation des Ouagalais contre les
inondations. Ailleurs, les retenues d'eau sont bien préservées,
surveillées pour leur assurer une longévité certaine. Chez nous, on
observe sans mot dire. Les lits des barrages sont transformés en terrain
de "maraîchage de misère". Devons-nous être notre propre fossoyeur ?
Certes,
de nombreuses familles tirent leur pitance des activités de maraîchage
ou de jardinage. Mais combien sont-elles celles qui savent que les
terres fragilisées par leur labour sont emportées directement dans le
lit par la pluie ? L'ensablement et la prolifération de la jacinthe
d'eau sont visibles. Les profondeurs originelles de ces retenues sont
réduites, jour après jour. C'est désolant.
Face à ces agressions et
menaces, il est difficile de jouer à l'indifférent. Nous ne gagnerons
rien à laisser disparaître ces ouvrages. La présence de ces barrages en
plein centre-ville sert aux hommes, aux animaux et à la végétation. Tout
le monde se souvient, comme si c'était hier, du sinistre du 1er
septembre 2009. Si ces retenues d'eau n'existaient pas, la catastrophe
hydraulique allait être plus grande. D'ailleurs, des spécialistes ont
indiqué que si ces barrages cédaient, les sinistrés atteindraient le
chiffre de 150 000 à Ouagadougou.
De temps en temps, les médias et
autres structures attirent l'attention des décideurs. Jusque-là, c'est
silence radio. Il est temps d'agir. Les autorités municipales, celles en
charge de l'eau, de l'environnement et de l'agriculture sont
interpellées. L'heure de la sensibilisation et de la répression a sonné.
Si des mesures ne sont pas prises, ces barrages risquent de disparaître
un jour. Il suffit d'y faire un tour pour constater la menace. Et
pourtant une solution à la pollution des barrages est encore possible.
Il va falloir commencer à multiplier les visites de terrain. Sous
d'autres cieux, il existe une police de l'eau, chargée de la
surveillance, avec tous les moyens d'action possible. La nature a
horreur du vide. Tant qu'il n'y aura pas une interdiction formelle de
mener des activités dans le lit des barrages, les Ouagalais payeront
pour leur silence. Notre indifférence nous conduira inéluctablement vers
le désastre. Mais serons-nous fiers de cette tragédie hydro-écologique ?
À chacun sa réponse.
Rabankhi Abou-Bâkr Zida, Sidwaya Quotidien (Ouagadougou) – AllAfrica 09-03-2014